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  • Job

Un regard

Dernière mise à jour : 4 juin 2022

Le gars peint comme il respire, dans son salon, à Nantes. Ce sont la mer, la Bretagne, le sport et les filles en maillot de bain qui constituent son fonds d'inspiration, même si on lui doit aussi quelques beaux portraits de vaches.


Lorsqu'il représente des hommes c'est à vélo, en pleine course ou en lutte; on sent la sueur, l'effort, comme un instantané du plaisir à s'épuiser. C'est qu'il s'y connait en dépassement de soi : 5000 km à vélo dans le bush australien ça forge le caractère.

Quant à ses portraits de femmes, ils donnent à voir une espèce de quiétude, de jouissance de l'instant présent. On sent la chaleur du soleil sur la peau, la lumière qui inonde dans le calme de la pause. Ce que peint Philippe Bigot, dit «Job le Peintre», ne revendique rien, ne déclare rien. Sa peinture, sobre et éclatante, est muette. Cependant, elle réveille quelque chose comme un souvenir d'un été enchanté, d'une balade au bord de la mer, d'une heure prise sur le temps, sur les autres, sur les contingences, sans pour autant nous propulser, comme c'est la mode, au pays des lapins bleus. Ses modèles sont sa femme, ses enfants, ses amis, les décors du voisinage, il ne va pas chercher plus loin. Il y a de la matière dans le quotidien. C'est peut-être cela qui fait l'attrait de sa peinture : elle met en lumière l'ordinaire. Evidemment, on pensera à Hopper par la manière qu'il a de poser le blanc, par ce penchant voyeuriste de capturer l'instant décisif où le sujet s'abandonne. Cependant nulle trace de la dimension tragique de l'expression d'une solitude, si ce n'est celle d'un moment rien qu'à soi quand l'esprit divague sans interférences. Bien sûr, la beauté ou la qualité artistique, l'œuvre, comme dirait Marcel « n'existe que dans l'œil de celui qui regarde». Il n'empêche que les émotions qui traversent lorsque l'on observe ces tableaux constituent probablement quelque chose d'universel en ce que chacun a vécu un jour ce moment. Philippe Bigot n'expose pas (encore) dans une grande galerie, il n'a qu'un public local mais nombreux. On le trouve aussi sur le réseau social honni qui a au moins l'intérêt de montrer de belles images.


Véronique Blaudeau

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